"Louis-Joseph Soulas, né en 1905 à Orléans, fut l'un des meilleurs graveurs de sa génération. Beauceron de souche, ayant vécu les moeurs paysannes, il quitta sa famille pour entrer à l'Ecole
Estienne où il fit un apprentissage en profondeur. L'artiste et le technicien allaient ainsi marier leurs vertus. Il se fit l'interprète des décors de son enfance. Nul n'a exprimé comme lui, dans la
rectitude et l'acuité, la sobre grandeur de la Beauce...
Il est parti jeune encore, à quarante-neuf ans, laissant le regret de ce qu'en dépit de sa fécondité il n'avait point encore fait. Laissant un autre regret, un vide que son oeuvre ne comble pas, le
regret d'une autre création : sa présence, le charme qui se dégage des tempéraments exceptionnels. Son burin, si appliqué à tracer le trait véridique et concret, comme son père et son grand-père
avaient tracé des sillons en Beauce, était un instrument de poésie. Mais il savait aussi écrire, parler, raconter, inventer. On assistait alors à la naissance de l'inspiration, à la montée d'une
marée d'humour qui entraînait toute une partie de son être, dans un réalisme cruel et malicieux, vers des régions de truculence et de fantasmagorie...
Il a laissé d'innombrables planches, et toute une série d'illustrations d'ouvrages..."
Roger Secrétain "Ceux qui ont éclairé nos chemins"